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16:49-17:49 j’ai raté l’heure du goûter

Il est 16:49 au moment ou j’écris ces lignes, l’heure tourne et chaque lettre que je tape sur mon clavier me rapproche un peu plus de la fin, c’est dommage, mais tout a une fin.

Mon coeur bat de plus en plus vite, chaque seconde est à la fois une torture et une délivrance, plus les secondes passent et plus la mort se rapproche de ma triste existence.

J’écris sans aucune raison valable, je ne considère pas l’écriture comme une fin en soi, enfin, je me retrouve à écrire maintenant à quelques minutes de la fin donc autant continuer cette longue odyssée qui sera un pamphlet dédié à ma triste existence ponctuée de ma triste fin.

Il est 17:00, il m’aura fallu 10 minutes pour écrire si peu, le temps passe trop vite, comme toujours. Je m’en irai à l'âge de 17 ans, à seulement quelques mois d’atteindre ma majorité, si seulement la mort avait choisi une autre date pour frapper à notre porte, mais comme toujours le destin n’est pas de mon côté, pas de notre côté cette fois, enfin, j’ai l’impression de me répéter, je me demande ce que le bétail dans les abattoirs pense une heure avant la fin ? Peu importe, je m’en fiche, là c’est moi qui vais mourir, du début à la fin je ne penserai qu’à moi, ce n’est pas le monde qui s'arrête, enfin même si c'était le cas cela n’aurait aucune importance à mes yeux, le problème c’est que c’est mon monde qui s'arrête, ce monde dans lequel j’ai toujours subsisté tant bien que mal. Il m’aura fallu du temps pour retranscrire ma façon de penser, il est 17:20, c’est compliqué de tout retranscrire, ça pousse à réfléchir, les autres ne lisent pas dans mes pensées et ça me pousse à devoir trouver un moyen de leur transmettre les choses qui me viennent en tête, ça ne me manquera pas.

Écrire une lettre avant la fin c’est comme tenir un journal intime, on écrit pour soi et non pas pour les autres, je n’ai jamais ressenti le besoin d’écrire un journal, je n’accorde d’ailleurs aucune importance au passé, c’est sûrement la raison pour laquelle cette idée de raconter sa vie sur un bout de papier qui restera scellé à jamais ne m’a jamais tenté, le passé c’est triste, si on a vécu une chose de mal il vaut mieux ne pas se la rappeler, de même pour une chose de bien, tout à l’heure par exemple j’ai lu un super chapitre d’un de mes bouquins préférés, j’ai adoré ce chapitre mais cette joie je ne la ressentirais plus, on ne vit les choses qu’une fois, et je suis triste en écrivant ces douloureuses lignes qui me rappellent des moments joyeux.

Plus les lignes défilent et plus je me demande pourquoi j’écris, je n’ai rien à dire, rien à vous dire, rien à me dire, à l’heure qu’il est la folie et la frénésie auront sûrement déjà touché la totalité des personnes que je connais, même les arbres deviennent fous, leurs branches et leur feuillage crissent tous à la fois et forment une immonde symphonie, une étrange cacophonie. Tiens, je m’en rends compte, il est 17:35 et j’ai raté l’heure du goûter, le goûter c’est la seule heure dans la journée ou je suis libre de faire ce que bon me semble, je met d’ailleurs régulièrement le lait avant les céréales pour me sentir dissident. Tout finira dans une dizaine de minutes, je peux faire ce que je veux sans aucune conséquence mais je ne ferai rien, je suis trop fatigué, fatigué de cette vie et fatigué d’attendre cette fin qui semble prendre son temps pour venir. Le ciel s’assombrit, je vais désormais me reposer dans mon lit, au moins je mourrai reposé.

Amin

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