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Toujours là mais jamais regardées

D’abord les bords en sont élimés.

Irréguliers, ils ondulent comme s’ils s’efforçaient de suivre un chemin, en vain.

Des contours découpés avec précision dans la masse informe de laquelle ils germent.

Ils ont l’air de résulter d’une infinité d’erreurs, car à chaque fois, ils semblent être le fruit d’une rectification, d’un ajustement, de collages, toujours. Son dedans est plein d’un ça difforme, hâlé de teintes soleil. Tâchées de nuances tantôt café tantôt crème. Pointillées, craquelées, creusées de mille et un sillons qui serpentent en désordre, lits de rivières millénaires dont les eaux sont devenues éther. Eternellement. Bossues de cinq collines, royaumes-berceaux de cinq pilliers en érection vers le ciel. Vers l’ailleurs. On dirait qu’ils s’échappent, éclatés vers l’inconnu. Chacun d’eux s’étirent de tout leurs long comme s’ils cherchaient à tout atteindre. l’un deux est plus gourmand que les autres. Il s’allonge de toute sa majesté et fait le beau, fier d’être le plus long de tous ses camarades. En chacun de leurs bouts, un espace patiné, lisse et clair, coquillage dans ce désert de chair, les chapote. Des coiffes de fantaisie, qui parfois, se teintent de couleurs vermeilles et majorelles, qui évoluent aussi vers là-bas, pas à pas, s’allongeant de plus en plus par minces touches, comme s’ils ne voulaient pas qu’on les remarque grandir.

Cette joyeuse camaraderie de pilliers et de coiffes s’applique à réaliser des successions de mouvements qui requièrent toujours une coordination parfaite. Chacun d’eux connait sa tâche, et tous ensemble, ils papillonnent, pianotent et s’emparent, dans une effervescence d’arabesques en tous genres.

Ces contours sont pleins d’une substance qui possède le don de voyance.

Car cette substance se meut toujours pour mes pensées.

Parfois même, elle les devance et s’affaire avant que mes pensées n’aient eu le temps de le penser.

Elle me gêne.

Aussitôt que j’ouvre les yeux, je la vois.

Elle s’est nichée entre le monde et moi, et n’est pas désireuse de s’en aller.

C’est un parasite. Elle s’est immiscée dans mon esprit, et en reproduit toutes les fluctuations.

Elle me gêne.

Voyeuse, elle espionne mes pensées pour les chuchoter au monde… Elle n’est pas capable de tenir un secret, car elle me raconte aussi tout du monde.

Elle me trahit en permanence, par sa frénésie ou sa léthargie, sa maladresse maladive et ses manières toujours trop extravagantes.

Perverse, elle s’empare de mes plus doux fantasmes pour te les susurrer à toi.

Moi je ne voulais pas. Elle transforme mes orgasmes imaginaires en tes jouissements bien trop décevants.

Je lui dit pourtant, d’arrêter de faire mon interprète, je n’ai pas envie d’être entendue.

Maladroite, elle me trahie, indéfiniment. Elle s’engouffre dans ma brèche de paraître et fait exploser à tes yeux et aux miens, ce que je n’avais pas envie que tu saches de moi, et parfois même, ce que je n’avais pas envie de savoir de toi.

Elle me gêne.

Je dois m’en débarrasser.

C’est le moment d’une rupture tant attendue, un divorce qui traîne depuis 17 ans dans mes archives.

Laisse moi partir, seule, je ne serais que


miagrace

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