C’est une surface plane, toute lisse, d’un blanc virginal. Rectangulaire, et les bords sont parfaitement droits. Je saisis l’objet, il est léger, mais très bruyant. Un peu rigide, aussi. Il a du mal à se plier quand je le tiens par une extrémité et que je le remue. Mais j’entends des bruits. De près, le blanc n’est plus si blanc. En tout cas, il n’est pas uniforme : il y a des petits traits, des petites tâches un peu plus blanches. Et comme des cicatrices, comme des vergetures au soleil, face à la lumière, les taches ressortent encore plus. Sur l’un des bords, aussi fin que le plus fin des cheveux, je passe le doigt. Et, je me le coupe accessoirement. Je peux vous dire que ça fait très mal, cette petite lésion faite par quelque chose d’encore plus petit. Microscopique, épaisseur 0, mais qu’est-ce que c’est désagréable de passer son doigt dessus, rapidement, dans un sens ou l’autre ! Cette surface plane, blanche, et un peu dangereuse selon la façon dont on l’aborde (par le toucher, sur quelques côtés…), prend la forme que je veux lui donner. Je peux la plier, et elle reste marquée par mon geste. Je peux l’enrouler, et elle prend des airs de télescope bon marché. Si je veux, je peux même tirer sur ses côtés, et la fendre en deux. Un bruit singulier résulte de mon action, et les deux côtés ont comme de la dentelle à leurs bords. C’est une petite chose fragile, que ce rectangle blanc et léger. Normal qu’il se défende de mon approche maladroite en me coupant le doigt !
-Lina Najib
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